Développer une thérapie de réalité virtuelle pour contrer l’anxiété sociale chez les jeunes

21 février 2020

Les personnes souffrant d’anxiété sociale, atteintes d’un trouble mental grave ou non, ressentent une grande solitude et de l’isolement social. Cela est dû en partie à la stigmatisation et aussi au fait qu’en étant isolé, on perd confiance en sa capacité à être adéquat dans des situations sociales et on développe donc une anxiété sociale.

Exemple d’une scène en réalité virtuelle où le participant à l’étude est placé dans une situation d’anxiété sociale : faire un exposé oral devant une classe remplie d’élèves.

Le traitement recommandé à ce jour pour l’anxiété sociale est la thérapie de groupe cognitivo-comportementale. Bien que cette thérapie puisse être efficace, la personne doit être en mesure de participer au groupe. Dans les faits, moins de 30 % des personnes souffrant d’anxiété sociale réussissent à y participer, en raison de leur anxiété.

D’autre part, les résultats des précédentes études de la chercheuse au Centre de recherche de l’IUSMM ont montré que l’anxiété sociale est en partie liée à une mauvaise interprétation des signaux émotionnels du visage, ainsi qu’à une difficulté à réguler les émotions dans les situations de stress. L’équipe de recherche a également montré qu’il est possible d’aider les gens à s’autoréguler, à améliorer leur estime de soi, à mieux reconnaître les émotions des autres et à ne pas en déduire des intentions négatives.

Grâce au soutien financier de la Canada-Vie, la chercheuse Tania Lecomte et son équipe de collaborateurs ont donc pu mettre sur pied un projet pilote de thérapie par réalité virtuelle s’adressant aux adolescents et aux jeunes adultes souffrant d’un trouble mental grave ou non et qui sont trop anxieux socialement pour participer à une thérapie individuelle ou en groupe.

Thérapie de compassion, acceptation et pleine conscience avec une exposition par réalité virtuelle

Tania Lecomte est psychologue et chercheuse. Ses travaux de recherche portent principalement sur l’amélioration et le développement de traitements pour les personnes aux prises avec un trouble mental grave (ex. schizophrénie).

La thérapie basée sur la compassion, l’acceptation et la pleine conscience a fait ses preuves comme étant utile pour diminuer l’anxiété chez des jeunes avec un trouble psychotique et de l’anxiété, une histoire trauma, ou encore chez des adolescents présentant un trouble anxieux.

Il est de plus reconnu que les thérapies visant des troubles anxieux offrant de l’exposition, c’est-à-dire qui mettent la personne dans le contexte qu’elle tente d’éviter ou fuir, ont des taux de succès plus élevés. L’exposition pour l’anxiété sociale implique de se mettre en contexte social anxiogène. Ceci peut être désastreux si la personne n’y est pas bien préparée. Or, offrir l’exposition avec une thérapie basée sur la compassion, l’acceptation et la pleine conscience permet non seulement de s’assurer que la personne soit suffisamment calme et en contrôle de ses émotions, mais aussi permet de pratiquer la situation angoissante avec le thérapeute à ses côtés.

La meilleure manière de faire cela, en ce qui a trait au traitement de l’anxiété sociale, est avec la réalité virtuelle. Toutefois, cette réalité, quoique virtuelle, doit sembler vraie pour être efficace. C’est pourquoi Tania Lecomte, en collaboration avec la start-up montréalaise Super Splendide, a créé de toute pièce un univers virtuel dans lequel des situations sociales causant de l’anxiété ont pu être recréées. Le projet est présentement en phase d’essai dans une version bêta pour la durée du pilote jusqu’à la fin de l’année 2020. 

 

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